Site Web : http://laterrasse-artaction.fr
Mon
travail est au croisement du "spectacle" détourné, de l'installation en
direct et de la transcendance de mes limites corporelles. La forme
présentée est une poésie directe ritualisée dans laquelle j'opère un
sacrifice symbolique sur mon corps, mes pensées et les objets qui
m'entourent. Le fond de mes réalisations est lui animé principalement
par un sens éthique et politico-philosophique issu de mes obsessions, de
mon vécu et de mes acquis culturels.
Ma
conscience est double : celle d’un « homme » exprimant son existence
dans ce monde et celle d’un « handicapé » qui cultive infatigablement sa
différence dans le but de faire glisser les normes culturelles vers un
nouvel inconnu. Ce corps « malade » étant un reflet intrinsèque de nos
contradictions humaines et sociales, je l’utilise comme espace de «
pensée » et de mise en confrontation de ces paradoxes.
La
contrainte d’être assisté d’une tierce personne pour tous les actes de
la vie quotidienne est utilisée dans mes actions comme moyen de
libération totale de mon imaginaire. Je suis aidé pour accomplir les
taches fastidieuses et si elles le sont trop, l’accompagnant les réalise
à ma place. Plusieurs temporalités sont crées dans un même espace
d’expression, augmentant ainsi les possibilités de perception. C’est
dans ce jeu ambivalent et ambigu instauré entre moi-même et
l’accompagnant, que je tente de créer un doute permanent dans le regard
que porte le public sur la pièce présentée : qui est la marionnette ?
Qui est le marionnettiste ?
Ces accompagnants en question ne
sont pas exclusivement des assistants artistiques. Ils font tous partie
de mon équipe d’aide humaine. Ils partagent donc mon intimité et mon
quotidien. Chacun d’entre eux connaissant mon langage de création, ils
sont potentiellement tous apte à acter avec moi. Ce parti pris je le
prends pour témoigner d’une part de la réalité sociale qui est mise en
place (en occident…) pour l’autonomie des personnes handicapées et d’une
autre part pour montrer qu’une évolution personnelle n’est possible
qu’au sein d’un collectif. L’utilisation d’un pseudonyme prend alors
tout son sens dans mon cas. « Kamil Guenatri » ne peut se déployer que
dans « La Terrasse » : un groupuscule d’individus qui ne séparent pas la
vie de l’art.
Kamil Guenatri
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