Kamil Guenatri


Mon travail est au croisement du "spectacle" détourné, de l'installation en direct et de la transcendance de mes limites corporelles. La forme présentée est une poésie directe ritualisée dans laquelle j'opère un sacrifice symbolique sur mon corps, mes pensées et les objets qui m'entourent. Le fond de mes réalisations est lui animé principalement par un sens éthique et politico-philosophique issu de mes obsessions, de mon vécu et de mes acquis culturels.

Ma conscience est double : celle d’un « homme » exprimant son existence dans ce monde et celle d’un « handicapé » qui cultive infatigablement sa différence dans le but de faire glisser les normes culturelles vers un nouvel inconnu. Ce corps « malade » étant un reflet intrinsèque de nos contradictions humaines et sociales, je l’utilise comme espace de « pensée » et de mise en confrontation de ces paradoxes.

La contrainte d’être assisté d’une tierce personne pour tous les actes de la vie quotidienne est utilisée dans mes actions comme moyen de libération totale de mon imaginaire. Je suis aidé pour accomplir les taches fastidieuses et si elles le sont trop, l’accompagnant les réalise à ma place. Plusieurs temporalités sont crées dans un même espace d’expression, augmentant ainsi les possibilités de perception. C’est dans ce jeu ambivalent et ambigu instauré entre moi-même et l’accompagnant, que je tente de créer un doute permanent dans le regard que porte le public sur la pièce présentée : qui est la marionnette ? Qui est le marionnettiste ? 

Ces accompagnants en question ne sont pas exclusivement des assistants artistiques. Ils font tous partie de mon équipe d’aide humaine. Ils partagent donc mon intimité et mon quotidien. Chacun d’entre eux connaissant mon langage de création, ils sont potentiellement tous apte à acter avec moi. Ce parti pris je le prends pour témoigner d’une part de la réalité sociale qui est mise en place (en occident…) pour l’autonomie des personnes handicapées et d’une autre part pour montrer qu’une évolution personnelle n’est possible qu’au sein d’un collectif. L’utilisation d’un pseudonyme prend alors tout son sens dans mon cas. « Kamil Guenatri » ne peut se déployer que dans « La Terrasse » : un groupuscule d’individus qui ne séparent pas la vie de l’art.

Kamil Guenatri

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